Impossible d’être passé à côté. Le film à fait parler de lui. Que cela soit en positif avant les Golden Globes et en négatif juste après la cérémonie.

Il y a trois mois, le long métrage de Franco était encore qu’une simple satire de l’industrie cinématographique. Aujourd’hui, celui-ci se retrouve mêlé à des affaires d’harcèlement, agressions et humiliations sexuelles.

Sous les traits de Tommy Wiseau, James Franco détonne. A la fois metteur en scène et interprète, Franco se place au même niveau que le créateur et personnage principal de The Room ( ce film qui est depuis sa sortie en 1999 considéré comme le pire film jamais réalisé). Dans un sens, faire partie de cette histoire était le moyen pour l’acteur de sortir de son image d’enfant prodige d’Hollywood et d’enfin montrer (un peu à la Tim Burton), quel regard il a de l’industrie maternelle.

 

 

Pourtant, c’est au lendemain de la cérémonie des Golden Globes que cela tourne mal pour l’acteur. Vainqueur du globe du meilleur acteur, James Franco devient la cible principale d’une avalanche d’accusations à caractère sexuel. Cinq femmes ont dénoncé des comportement inappropriés dans les pages du quotidien LA Times. Parmi elles, des anciennes élèves de l’école montée par l’acteur Studio 4. Elles affirment avoir été mal à l’aise face à son comportement, notamment lors des scènes de nu. Quant à la 5e, Violet Paley 23 ans, dit s’être sentie forcée de faire une fellation à l’acteur. C’est donc la même voie que Kevin Spacey que l’acteur réalisateur prendra après avoir failli à sa défense. Autrement dit, la sortie de la sphère publique.

Pourtant, en tant que film, The Disaster Artist a à apporter. Alors pourquoi faut-il ne pas le boycotter ?

 

 

 

A l’écran, le long métrage est un bon film, avec des défauts certes, mais reste une bonne comédie de mœurs hollywoodienne. Celui-ci rentre par ailleurs étonnement bien en résonance avec la réalité des faits.

 

Synopsis :

En 1998, Greg Sestero (joué par le frère de James, Dave Franco), jeune homme de 18 ans fait la rencontre d’un étrange personnage : Tommy Wiseau. L’homme arbore un style vestimentaire assez particulier : un longue chevelure noire et a un accent atypique. Celui-ci reste par ailleurs très mystérieux sur son identité, son âge ou encore d’où proviennent ses mystérieux fonds. Les deux hommes finissent par se lier d’amitié et partent tous deux tenter leur chance dans la jungle hollywoodienne. Rencontrant refus sur refus, ceux-ci décident de se lancer dans la production d’un film écrit par Wiseau.

Le scénario du film en question est assez vague. Il raconte l’histoire d’un homme aimant éperdument une femme qui ne le considère que pour son argent et le trompe avec son meilleur ami (« Oh Hi Mark ! »). Ce tournage aura le même goût amer pour ses acteurs que l’histoire du film pour ses personnages. Wiseau les prive de nourriture et d’eau, ne paye pas pour la clim et ne leur laisse pas prendre de pause. Par ailleurs la scène de simulation d’acte sexuel entre Johnny et Lisa (deux protagonistes de l’histoire) se fait drôlement miroir de la réalité, allant de la critique de l’industrie d’Hollywood jusqu’à l’actualité même. Là où l’on veut cacher le réel qui se veut beau par ses imperfections, on ne cherche qu’à montrer le faux, jusqu’à voir une paire de fesses lentement pénétrer un nombril. Là où l’on voit un acteur malmener une actrice presque nue, on pense à l’affaire Weinstein et toutes ces femmes malmenées dans l’industrie du 7e art.

Cette histoire d’amitié qui vire au cauchemar fait office de point d’ancrage au film. Pourtant, les deux frères Franco, qui la portent aussi loin que possible, peinent à lui donner un sens. James Franco propose une prestation de Wiseau qui n’évince aucune facette du personnage. On touche du doigt son côté escroc, il évoque l’hypothèse du malade mental et n’oublie pas de le faire passer pour un simplet.

 

 

Au contraire de Tim Burton qui mettait en scène le célèbre Ed Wood, se laissant entraîner par la recherche de points communs avec son personnage, ici James Franco est plus désinvolte. Il se libère de l’absurdité des règles et des contraintes du cinéma grâce à l’humour.

Cependant le film se fait résonance de la réalité. Celle-ci rattrape bien trop rapidement la fiction. En symétrie s’érigent un Tommy Wiseau qui essaie d’exister aux yeux du monde du spectacle et un James Franco qui s’efforce de s’effacer de la conscience collective. Là où l’un cherche manifestement à se faire reconnaître du grand public, et enfin exister par la sphère hollywoodienne, l’autre voudrait s’en abroger et disparaître de celle-ci pour une durée indéterminée.

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