Pourquoi allons nous voir des films ?

Pourquoi allons nous au cinéma ? Pourquoi dépenser autant d’argent pour une simple séance alors que nous pourrions très bien attendre de regarder le film de chez soi ? Pourquoi aimons-nous nous asseoir dans cette salle obscure ? Pourquoi nous extasions-nous quand nous rencontrons quelque chose de familier derrière l’écran ? Et pourquoi aimons-nous tout simplement perdre notre temps à le regarder ?

Pourquoi aimons nous les films ?

Avec l’afflux des nouvelles technologies et la liberté qu’elles proposent, nous nous sommes bien trop vite habitués à consommer du film, de la série, de l’animé… Tout devient accessible en l’espace de quelques clics. Le Binge Watching est par ailleurs devenu une tendance depuis plusieurs années, et elle ne s’applique pas simplement qu’au monde cinématographique. Que cela aille du simple jeu, à toute une relation sociale, la société se lasse vite, trop vite.

Et comme une musique que l’on ne peut plus écouter, on zappe. Comme une chaîne que l’on ne peut plus regarder, on zappe. Comme un plat que l’on arrive plus à finir, on zappe. Comme une pseudo amitié que l’on ne peut plus supporter, on zappe. Voilà où nous en sommes. Tout devient consommation, au point que l’on ne remarque même plus ce qui est important à nos yeux.

Alors recentrons nous et faisons le point.

Pourquoi aimons-nous le cinéma ?

Pour ma part, c’est une passion qui m’habite depuis un nombre incalculable d’années maintenant, et en y repensant, je crois que je l’ai toujours eu. Depuis toute petite, mon cercle familial et social me nourrit de films, de séries, de dessins animés, d’animés, de jeux, de musiques…

De références.

La pop culture fait partie intégrante de ma personnalité. Mais, à force de trop en manger, de trop en consommer, j’ai sûrement dû m’en lasser.

Pourtant, à la sortie du film Ready Player One je me sentais étrangement vivante.

Depuis combien de temps un film ne m’avait pas autant emmenée dans son univers sans que dans l’espace des 2h de film je ne touche à mon téléphone, ne serai-ce que pour regarder l’heure ?

Depuis combien de temps je ne m’étais pas tout simplement retrouvée plongée dans le film au point de presque y croire ?

Depuis combien de temps je n’avais pas vibré devant cet écran ?

Longtemps… Beaucoup trop longtemps…

 

!!! Rated S for Spoilers !!!

 

Ready Player One est un bon film. Ou plutôt un très bon film.

Après, il ne faut pas non plus dire qu’il s’agit ici de l’oeuvre majeure de cette décennie comme le fut Avatar pour les années 2000 (bien que certains le comparent au susdit cité). Il s’agit, par contre, sûrement du meilleur blockbuster de l’année (retournez vous coucher DC et Marvel).

Deux mois après son Pentagon Papers inoubliable, Steven Spielberg revient avec l’adaptation du livre culte d’Ernest Cline. Livre qui a bercé grand nombre de personnes dans la culture pop et plus précisément dans la culture geek. L’occasion pour le « papa » d’E.T de revenir sur un cinéma plus enchanteur.

Synopsis :

2045 aux Etats-unis semble plus se rapprocher du cauchemar que de l’utopie. Bidonvilles où caravanes s’empilent formant des immeubles branlants, population scrutée par des drones, villes qui ressemblent à des décharges… comme un miroir de l’oeuvre d’Orwells où Big Brother (Browser) te regarde, la seule alternative qui semble se poser serait la réalité virtuelle.
Dans ce monde fait de faux-semblants, où la mort ne semble pas être un obstacle, le spectateur suit la vie du jeune Wade Watts. Du haut de ses 18 ans, Wade explore l’univers pixelisé de l’OASIS, un jeu en ligne (MMORPG) où pléthore de paysages et personnages antagoniques se côtoient, sous le pseudonyme de Parzival (drôle de pseudo quand tu es en quête du « Graal » des internets). On le suivra ainsi jusque dans les tréfonds du numérique afin d’arriver à dénicher les trois clés que James Halliday (créateur de l’OASIS) à caché dans ce monde virtuel, lui permettant ainsi de peut être devenir le nouveau maître du jeu.

 

 

Cela fait du bien d’enfin avoir une vraie bouffée d’air frais au cinéma. D’enfin se laisser plonger dans un univers aussi envoutant. Que cela aille des images qui te collent au siège, à la bande originale qui te donne envie de faire du air guitar, tout en passant par les références qui pour le coup ne sont ni surexploitées, ni sous exploitées, ni présentes pour dire « hey t’as vu je suis lààààààà », Ready Player One est un joli cadeau.

Bien qu’il divise à la sortie, on ne peut que prendre ce film. C’est un long métrage de haut vol, qui tout en spectacularisant ne tombe pas dans le CGI horrible. Le film est propre, limpide, ne semble pas faire de faux pas, et cela fait du bien.

Sous un ton léger de montagne russe rétrofuturiste où plusieurs décennies de pop culture se côtoient (cinéma, musique et SURTOUT jeux-vidéos), Spielberg réussi à glisser une critique sociale intéressante.

Et à l’image même de son histoire, le film fonctionne comme un jeu vidéo. Autrement dit avec des « levels ».

 

 

Level One

Le plus simple. C’est celui qui est accessible à tout spectateur. Ce que l’on vient chercher quand on paye sa place de cinéma : du spectacle ! Et le film en est plein à craquer.

Il y a pour commencer cette grande course de voitures virtuelle à la Trackmania qui oppose notre pilote de Delorean-K2000 à une horde de véhicules tous aussi iconiques les uns que les autres (Batmobile de 1966, la moto d’Akira…). Pourtant, malgré tous ces effets et ce surplus d’images qui sautent à la caméra, le tout reste fluide et le spectateur ne se retrouve à aucun moment perdu dans cet océan de motion capture.

N’hésitant pas à jouer avec l’espace et les dimensions, Spielberg s’amuse à passer de la réalité au virtuel, rendant la machinerie toujours plus grandiose. Il s’offre ainsi des batailles sans pareille où avatars et personnes réelles luttent dans deux mondes opposés qui semblent pourtant si proches (les scènes peuvent vite tourner au comique par ailleurs, notamment quand on voit les personnes courir et frapper dans le vide en plein milieu de la rue).

Et qui de mieux que papy geek Spielberg pour faire embrasser virtuel et réalité avec brio ? Rendant la frontière entre réel et virtuel toujours plus poreuse.

 

 

Level Two

Le passage du niveau deux est plus implicite. Caché comme l’ « Easter Egg » pixelisé d’Adventure, le propos sur la mainmise des grands groupes capitalistes sur le réseau est pourtant bien présent. Un propos qui se veut a la fois critique et bienveillant envers l’univers de pixels.

Spielberg se propose comme le Janus de ces paradis numériques, où jeune Wade Watts (miroir du jeune réalisateur) s’oppose à James Halliday (son alter ego).

Les jeux sont tour à tour désignés comme terrain de jeu et drogue, là où tout peut se créer, mais où cette puissance créatrice peut être utilisée à mauvais escient. C’est un lieu où la différence entre sexe et races ne se pose plus et qui pourtant est fondé sur un mensonge. Selon son démiurge, il ne s’agirait pas d’un mal en soi. En effet, il s’agit avant tout de ce que ses joueurs en font : atteindre l’utopie ou le cauchemar ultra-capitaliste.

 

 

Level 3

« Certains peuvent lire Guerre et paix et conclure qu’il s’agit d’un simple roman d’aventure. D’autres vont parcourir les ingrédients listés sur un emballage de chewing-gum et y découvrir les secrets de l’univers. » – Lex Luthor

Tout comme dans le roman, l’oeuvre de Spielberg abonde de références à la pop-culture. Cependant, là où cela devient plus intéressant, c’est que contrairement au livre (qui met réellement en avant les années 80 de Spielberg), le réalisateur se fait tout petit quant à sa propre filmographie. Il s’accorde quelques clins d’oeil mais reste humble ( T-Rex de Jurassic park).

Seulement, il s’autorise à utiliser ce qui l’a créé lui. Autrement dit, ses easters eggs personalisés : Retour vers le futur, Star Trek, Star Wars (vraiment bien caché) jusqu’à Shinning (car oui, Shinning à joué un rôle majeur dans la vie de tonton Spielberg).

Ainsi, bien qu’il essaie de le cacher, Spielberg hante le film, chaque micro seconde garde en son for intérieur une part du réalisateur. Chaque bruit, chaque image, chaque pixel, renferme une part de nous, mais surtout une part de lui.

Certains voient le film comme le bio-pic du bonhomme, un long-métrage un peu testamentaire. Pourtant, à une semaine à peine de la sortie du film, cela parait compliqué de se poser, mais surtout de tenir ce genre de discours. Oui, il s’agit d’un bel auto-portrait, d’une belle mise en abîme, mais qui sait si nous avons devant nous le futur film testamentaire de Steven Spielberg ?

 

Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un beau moment à passer, permettant de se reconnecter avec sa partie enfantine, de se plonger dans un monde fait de nostalgie et je suis prête à réinsérer un « coin ».

Alors ? Ready Player One ?

 

« Je me suis toujours senti étranger au monde réel. Je ne savais pas comment entrer en relation avec les gens qui y habitaient. J’ai eu peur toute ma vie durant, jusqu’au moment où j’ai su que la fin était proche. C’est alors que j’ai compris ceci : aussi terrifiante et pénible que soit la réalité, c’est aussi le seul endroit où l’on puisse trouver le véritable bonheur, car la réalité est réelle. Tu comprends ? » – James Halliday

 

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