Pourquoi parler de ces sports ?

Lorsque les sports extrêmes sont évoqués, le grand public repense forcément à certaines images qu’ils ont vu lors des Jeux Olympiques ou par hasard sur les réseaux sociaux. Ceux-ci sont peu « parlants » car ils ne sont pas « populaires ».

Pourquoi sont-ils aussi peu médiatisés ?

©Guillaume Berthelot

Vers plus de reconnaissance ? Institutionnelle, médiatique, financière…

Apparemment les femmes devraient être plus reconnues pour être médiatisées… Cependant, selon le sondage créé pour ce mémoire, 55% des 187 participants pensent que l’image des pratiquantes renvoyée par les médias est stéréotypée. Difficile donc de trouver une forme de reconnaissance dans un média qui ne fait que retranscrire une image caricaturale des pratiquantes… Mais  pourquoi, 55% de participants du questionnaire pense-t-il cela ? 

Je me souviens d’une anecdote avec mon professeur de télé à l’école cette année. J’étais partie faire un reportage sur un skatepark indoor avec une session purement féminine. Je reviens avec plusieurs rushs de « tricks » plutôt impressionnants. Et tout ce que m’a dit mon professeur est : « mais tu n’as pas de rush où l’on voit du vernis ? Du rose ? Des chouchous ? ». Cela m’a fortement interpellée. Faut-il absolument montrer cet aspect ultra féminin pour comprendre qu’il s’agit ici de femmes ?

Pour avancer davantage sur cette étude, j’ai contacté plusieurs personnes, de milieux totalement différents : des athlètes, des journalistes et aussi des experts et spécialistes. Ceux-ci vont mieux nous éclairer sur certains points.

Médias : vecteurs de renforcement des stéréotypes sexués ?

Comme l’explique Marlène Coulomb-Gully dans son article pour l’INA : « Les médias ne sont pas le fidèle miroir du monde, ils contribuent à la fabrication de normes structurant la société. Aussi sont-ils au cœur de la représentation du genre et de sa construction ».

Il y a deux ans, lorsque je travaillais pour Surfsession, un magazine de niche pour passionnés de glisse, des différences flagrantes apparaissaient entre les hors-séries uniquement destinés aux femmes et le reste. Comme dans d’autres analyses portant sur des modèles de genre dans des magazines de sport spécialisés se révèlent  alors « une  invisibilité médiatique, une forte conformité sexuée et une érotisation partielle des figures féminines ». Alors que « les figures masculines, en position dominante, valorisent les caractéristiques typiques de la masculinité hégémonique comme la violence, la puissance et la performance. » (Fraysse Mélie, Mennesson Christine, 2017, p.135)

Bien entendu, loin est l’idée de stigmatiser un magazine en particulier. Comme le démontre les travaux de Mélie Fraysse sur le VTT, ce n’est pas seulement cette revue qui serait le vecteur de ces stéréotypes, mais bien les médias dans leur globalité. La publication de modèles de genre différenciés démontrent en effet « à la fois une forte conformité sexuée des images du masculin et du féminin mais aussi des formes beaucoup plus novatrices et relativement distantes des représentations médiatiques traditionnelles » (Fraysse, 2019, p. 39). Selon cette sociologue, « les revues les plus anciennes et en position dominante économiquement tentent de conserver leur lectorat «historique» avec un contenu médiatique fondé sur des modèles de genre historiquement fortement stéréotypés. À l’inverse, les revues plus « jeunes » et moins diffusées optent pour un contenu beaucoup plus novateur du point de vue sexué ». En ce qui concerne cette recherche, il ne s’agit que d’un constat sur des magazines datant de l’été 2018 et antérieurs. Surfsession ne représente absolument pas l’ensemble des médias parlant des sports extrêmes, ni des médias dans leur globalité.

Aujourd’hui, Surfsession a changé en proposant une section dédiée uniquement aux surfeuses sur son site Internet et offre plus de place au sexe féminin au sein de ses magazines généraux. Les « Unes » proposées par le magazine mensuel sont maintenant presque indiscernables des hors-séries. Surfsession propose dorénavant  plus de parité entre les sexes.