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« Le skateboard n’est pas un sport pour les gonzesses »

– Nyjah Huston (pro skater)  

Pâques 2020.

Cette année, pour cause de confinement, je me trouve chez mon père avec mon copain. Pour l’occasion, cette année, mon père a caché deux œufs Kinder maxi. Vous voyez bien, ces énormes  Kinder surprise qui font facilement la taille de votre avant-bras et qui coûtent un rein dans tous les supermarchés. Bizarrement, seuls deux choix sont proposés lors de l’achat : bleu ou rose (sous-entendez par-là, garçon ou fille)… Les œufs finissent par être trouvés dans la maison. Et sans grande surprise, le bleu contient un jouet Spiderman où doit être « dégommé » le grand méchant bouffon vert, alors que le rose propose une figurine « la Reine des Neiges » accompagnée d’un peigne et d’un miroir. Car, comme tout le monde le sait, c’est très important de rester belle, surtout dans cette époque de confinement. Pas besoin donc de vous faire un dessin, vous comprenez déjà à qui chaque œuf est destiné.

Cela m’a amené à réfléchir… Pourquoi stigmatiser les genres ? Et surtout, est-ce pareil partout, dans tous les domaines ?

Retour en 2013, dans une interview de Nyjah Huston effectuée par le magazine Thrasher le skateur clame : « Some girls can skate but I personally believe that skateboarding is not for girls at all. Not one bit », ce que l’on peut traduire par « Quelques filles peuvent skater, mais je pense personnellement que le skateboard n’est pas un sport pour les gonzesses ». Avant d’effectuer un rétropédalage quelques jours plus tard sur Twitter, avec néanmoins encore  des propos sexistes…

Ces types de remarques restent encore d’actualité bien que depuis plusieurs années, peu à peu des filles apparaissent en nombre sur les skateparks, les snowparks ou à l’eau au pic. Dans l’inconscient collectif, l’image de la femme reste encore trop liée à la princesse qui doit en toutes circonstances rester belle. Pourquoi proposer aux garçons l’aventure, la force et l’adrénaline et ne laisser qu’aux filles que la sécurité, l’esthétique… et surtout leur rôle de femme (au foyer) ? Est-ce que ces positions ne correspondraient pas à des présuppositions ? Ne seraient-elles pas constitutives d’une doxa (Bourdieu, 1997) ?

Dans l’imagerie collective, une surfeuse reste cette « bombasse » aux cheveux décolorés par le sel qui pose avec sa planche sur la plage, en contemplant les vagues au loin. De même, pour le grand public, une rideuse (une fille qui pratique un sport de glisse. NDLR) a deux images. Soit elle ressemble à ces influenceuses d’Instagram : elle est belle, jeune, jolie et sexy… et elle fait du longboard sur les routes californiennes, elle surfe des longues vagues tahitiennes et/ou skie dans des endroits paradisiaques. Bref la vie de rêve…

Soit alors c’est un garçon manqué sans une once de féminité : cheveux courts, des hématomes partout, qui ne fait pas attention à son image, porte des baskets et surtout qui prend des risques… Bref, elle n’est plus considérée comme une femme. D’autant plus, quand elle pratique en compétition et/ou avec des garçons. Car, « l’intégration au groupe des garçons implique l’apprentissage de comportements agonistiques » (Christine Mennesson, Jean-Paul Clément, 2009), c’est à dire des comportements très masculins.

Mais si je vous disais que tout ce que je vous explique depuis le début est biaisé ? Que tout ce que je vous raconte n’est que le fruit de nos représentations ? De ce que les médias véhiculent et ce que j’en retiens.

Alors comment comprendre la médiatisation des femmes dans les sports extrêmes aujourd’hui ?

Déconstruisons tout d’abord le sujet pour comprendre ce phénomène en dehors de ces images préconçues. Car avant de parler du problème d’image de la femme dans le monde très fermé des sports dits « extrêmes », il faut avant tout comprendre quelle est l’image de la femme dans les sports en général. Et quelles en sont les raisons ?

Définitions

Histoire de comprendre de quoi nous allons parler, définissons rapidement les termes de notre sujet : La médiatisation des femmes dans les sports extrêmes.

              ©Tommy Pierucki

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Médiatisation et Médias

« Les études conduites sur les thèmes sport, genre et médias se développent de manière exponentielle depuis une trentaine d’années aussi bien en France que dans les pays anglo-saxons, mais elles se centrent massivement sur la télévision ou sur les grand titres de presse » (Mélie Fraysse, 2019, p.40).

Pour la médiatisation et les médias, nous allons aborder tout ce qui concerne la presse (Tv, radio, magazines et journaux), que cela soit la presse généralisée ou spécialisée (L’Equipe, Surfsession, Riding zone…), mais également les réseaux sociaux qui représentent une grande part de la médiatisation sportive aujourd’hui.

En effet, suite à un questionnaire que j’ai mis en ligne, 84% des participants ont répondu s’informer principalement par les réseaux sociaux plutôt que de le faire par des médias plus classiques.

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Sports Extrêmes

Là est tout le problème de ce mémoire. Comment définir un sport extrême et comment en parler ? Beaucoup de sports peuvent se pratiquer de manière extrême. Par exemple, le rugby, le triathlon ou encore la course à pied peuvent être pratiqués de façon extrême. En effet, beaucoup vont considérer certains sports comme étant des pratiques « extrêmes » de façon physiologique car extrême dans la façon où les athlètes vont dépasser leurs limites, extrêmes dans la façon où ils vont courir, nager, percuter l’adversaire…

Parmi toutes les propositions que Jean Corneloup cite dans son ouvrage sur l’engagement corporel, les risques sportifs et les pratiques « extrêmes », nous choisirons la dernière : celle de la création médiatique.

Autrement dit, ce que les médias entendent par sport extrêmes. Car cette appellation est intimement liée aux médias. Ce sont eux qui l’ont popularisée grâce à ESPN (chaîne américaine) et la création des « Extreme Games » en 1995, devenant quelques années plus tard, les XGames. Et pour nous concentrer encore plus sur ce sujet, nous allons nous focaliser sur les trois milieux complémentaires : l’eau avec le surf, la neige avec le ski et le snow et enfin le goudron avec le skate.

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Femmes

Nous parlerons d’athlètes et de journalistes de sexe féminin en incluant les personnes transgenres ou qui se disent non-binaires. Cependant nous nous pencherons peu sur la thématique du genre des athlètes et de leurs orientations sexuelles puisqu’en effet, là n’est pas notre sujet principal. Il s’agira de focaliser cette investigation sur la médiatisation des athlètes de sexe féminin ou s’en rapprochant.