©Benoit Canal

Le constat s’avère plutôt positif du côté des sports extrêmes. Plus que dans certains sports, le milieu de l’extrême accepte de plus en plus les femmes, comme l’explique la pro snowboardeuse Julia Marino dans cet article de blog : « Le snowboard était plus égalitaire que le football ».

Cependant, bien que cela soit sur la bonne voie, il reste encore du chemin à parcourir avant que l’égalité ne soit parfaite. Autrement dit qu’il y ait autant d’articles ou de temps d’antenne pour les hommes que pour les femmes. Que ces dernières ne soient plus diffusées hors temps d’antenne ou lors des heures creuses. Et que les médias changent leurs mentalités en termes de « show » et « spectacularité ». Car les femmes peuvent, elles aussi, être impressionnantes.

Grâce une analyse plus sociologique, force est de constater que les médias jouent un rôle de renforcement des stéréotypes sexués en confortant leur lectorat dans des définitions « légitimes » et « socialement acceptables » de ce que doit être une femme sportive comme un homme sportif (Mélie Fraysse, 2019).

En réalité, ces filles bousculent l’ordre social et remettent en cause les stéréotypes en jouant à un  « jeu d’hommes » (Stéphane Héas et Dominique Bodin, 2004). Ces mêmes investissements sportifs peuvent être assimilés à des logiques d’émancipation plus globale des femmes, avec notamment l’évolution des rôles sociaux qui se traduit par des rapports au corps en mutation.

Comme l’ont expliqué mes intervenantes, « être une femme dans un sport masculin » (Christine Mennesson, 2004) constitue donc une expérience originale et très intéressante à analyser. Mais ce statut est encore trop souvent lié à un maintien de la « domination masculine » (Pierre Bourdieu, 1998) et de la notion clef de « masculinité hégémonique ». Ce concept théorisé par Raewyn Connell désigne « la configuration des pratiques de genre visant à assurer la perpétuation du patriarcat et la domination des hommes sur les femmes » (1995, p. 11).

Tout cela s’effectue par l’étiquetage « sport masculin et sport féminin » mais également par une construction sexuée des « goûts sportifs » dès la petite enfance (Colette Guillaumin, 1992; Jean-Pierre Digard, 1995). La médiatisation de ces pratiques n’est en réalité que le catalyseur de ce phénomène. Il met en scène des « masculinités » et des « féminités » standardisées et sur-valorise certaines dimensions des pratiques et modèles de présentations corporelles.

Quel futur pour les médias de sports extrêmes ?

Au-delà de cette recherche de la parité au sein du milieu des sports extrêmes, apparait dans le même moment un autre problème soulevé dans ce mémoire : celui de la disparition de certains médias. Bien que peu médiatisés et ne trouvant qu’une audience de niche, les sports extrêmes commencent toutefois à toucher de plus en plus de monde, notamment grâce aux réseaux sociaux.

Dans le questionnaire mis en ligne pour cette recherche, à la question « où trouvez-vous le plus d’informations qui vous intéresse ? », la réponse qui apparait le plus est sur « les réseaux sociaux ».

Bien qu’ils soient encore peu médiatisés pour le grand public et ne trouvent qu’une audience de niche, les sports extrêmes commencent toutefois à toucher de plus en plus de monde, notamment sur les réseaux sociaux.

En effet, lorsque l’on demande aux intéressés où ils trouvent principalement l’information qu’ils recherchent, la première réponse reste « les réseaux sociaux ».

Faut-il s’en inquiéter ?

N’est-ce pas tout le journalisme qui risque de s’écrouler ? Face à tous ces nouveaux formats et cette information diffusée en instantanée, que peuvent proposer les médias « classiques » ?

Selon Lucy Paltz, journaliste indépendante, « le journalisme global est obligé de se ré-inventer ». Aujourd’hui, l’accent est davantage mis sur l’immédiateté de l’information. « Aujourd’hui, une news qui a une heure, elle est presque caduque » confirme Lucy. « Le journalisme est obligé de se renouveler en permanence. Ils sont obligés de voir ce que les gens veulent, recherchent, et de la manière dont ils le recherchent. Aujourd’hui, les gens ne lisent plus, il faut que les articles soient courts… ce que je trouve très dommage car comme beaucoup, j’adore lire et cela me désole de voir que lorsque l’article est trop long les gens ne vont pas au bout. Mais c’est une évolution qui est flagrante et qui nous [les médias] oblige à être plus créatifs. Ça pousse à ne jamais s’endormir ».